La nuit je songe
La nuit je songe souvent aux oiseaux. Aux feuilles mortes de n'avoir été. Aux destinations possibles. Au long couloir qui me reste à parcourir. Aux sourires perdus. Aux mers d'acier qui bordent nos villes. Aux gens seules, tout comme moi. Aux lueurs qui se lèvent comme je me couche. Aux marrées humaines. Aux révolutions tant esperées. Á ma vie. Á ma nuit. Á ma tête qui ne tourne pas rond. Á mes amis qui le savent. Á mes souffrances de toujours. Á l'idiotie d'être humain. Aux bien-pensants. Au disparu. Á moi. Á l'hiver. Á tout. Á ma famille. Á ma carrière. Á l'avenir. Á l'automne qui se meure. Aux ondées douces. Á ma gueule. Á ma bière. Á la pierre que je transporte. Aux noirceurs qui m'habitent. Á l'horrible réalité d'être ,quelqu'un. Aux paradoxes. Au poids des mots. Aux pleures qui ne viennent plus. Aux guilledoux abandonés. Je ne songe à rien qui n'aille. Pourtant l'horloge va, creusant mes nuits, mes jours. Le someille ne vient que trop peu. Je suis pauvre, pauvre de someille car la nuit je songe.